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IL Y A FIDÉLITÉ ET FIDÉLITÉ…
Il peut y avoir couple, mais chacun reste une entité qui détient sa propre voie spirituelle ou son propre destin ascensionnel.
Dans la relation de couple, comme dans le contexte d’une amitié ou d’un partenariat d’affaires, les gens ne redoutent rien plus que l’infidélité. Et ils la craignent d’autant plus que, vides d’eux-mêmes, ils craignent de devoir écarter, pour s’éviter de revivre une grande souffrance, ce qui masquait si bien leur incomplétude et les amènerait à réaliser la part de leur être qu’ils n’ont pas su remplir par la connaissance d’eux-mêmes dans leur choix de chercher trop d’appuis ailleurs ou de vivre davantage pour l’autre que pour eux.
Nombre de personnes redoutent la solitude parce qu’elles ont toujours cherché leur bonheur dans celui des autres au lieu de le trouver dans leur propre accomplissement. Sauf que, en pareil cas, le bonheur qu’un être propose, ce ne peut qu’être l’expérience qui répondrait à son propre bonheur, oubliant que, par son rôle fonctionnel différent, qui le mène dans une quête particulière, ce qui fait le bonheur d’autrui correspond rarement à ce qui fait son propre bonheur. Aussi, dès qu’un être commence à s’écarter de lui, parce qu’il ne trouve plus ce qui se comble dans ses interventions, il ne peut prendre cet éloignement que comme un affront, ce qu’il qualifie de trahison.
Car, dans toute relation où les gens se donnent beaucoup, pour mieux s’attacher l’un à l’autre et se posséder, se placer et se maintenir dans un étau ou s’enfermer dans un territoire bien clos, il y en a toujours un qui prend plus qu’il ne donne, en venant à considérer comme un dû ce que l’autre lui apporte, ce qui engendre un début de frustration chez le plus impliqué et une escalade des exigences chez le plus choyé, de sorte que le plus généreux finit par s’épuiser et se dévitaliser, ce qui le rend sans cesse moins attrayant pour l’autre. On devine qu’il ne peut que se produire l’inévitable lorsqu’une tentation assez puissante se présentera au prédateur inconscient, à savoir que celui qui croit perdre davantage dans la relation ira voir ailleurs, manière de vérifier s’il n’y trouverait pas un gain permanent supérieur, une amélioration de son destin.
Dans la dynamique du couple, d’une part, il est fréquent que les partenaires ne comprennent pas que, dans son altérité, l’autre est orienté vers une quête différente, et que, d’autre part, nul ne peut partager ce qu’il ne s’est pas donné, ce qu’il ne détient pas jusqu’au surplus, qui lui permet de partager sans gruger dans son propre nécessaire ou dans son essentiel. C’est ainsi que, dans un certain laisser aller, lorsque deux partenaires en viennent à prendre les choses pour acquises, s’offrant de moins en moins au dialogue, un fossé se creuse entre eux qui, à la manière de l’erreur de l’astronaute, les induit insensiblement dans une situation explosive que l’un ou l’autre n’a pas vu venir. Alors, chez le plus attaché, quelle désolation intime que de constater que son investissement n’a pas rapporté les dividendes escomptés. C’est ce que Jean de La Bruyère a tenté d’expliquer dans ses «Caractères» lorsqu’il a écrit : «L’on veut faire tout le bonheur, ou si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu’on aime.»
C’est à ce moment que, pour se culpabiliser, les partenaires s’entraccusent, l’un , d’infidélité à ses engagements, et l’autre, de manque d’intérêt ou d’incurie à son endroit, ce qui ne peut qu’attiser davantage leur ressentiment et mener aux pires excès ceux qui manquent de compréhension de l’expérience évolutive, autant que de maîtrise émotionnelle. C’est ce qui arrive à des gens qui s’unissent trop rapidement pour se tirer d’un contexte pénible, pou r répondre à une puissante attraction physique ou à un autre intérêt puissant, par exemple, à une intense pulsion passionnelle qui ne dure jamais. Les motifs superficiels qui amènent à former un couple ne peuvent jamais finir par compenser l’absence de motifs profonds, comme l’expérience de la réalisation personnelle, celle d’un partage égalitaire de compatibilités et de complémentarités ou celle d’un investissement équitable dans la concrétisation d’un plan familial.
Voilà comment, dans les couples, une notion appuyée par les interprétations morales biaisées de plusieurs religions, l’infidélité devient apparemment la trahison la grave et la plus cuisante. Mais ce que, dans une relation humaine, les gens désignent par ce terme, c’est d’abord l’altération de la vérité, le manquement à la parole que deux êtres se sont mutuellement donnée, l’omission de respecter un engagement réciproque, l’inconstance des sentiments de l’un ou de l’autre et, dans le sens plus restreint du couple, l’abandon amoureux, soit la négligence des engagements du mariage, dont l’extrême réside dans l’adultère.
Certains couples, pas si rares qu’on pourrait le croire ou le dire, qui se sont formés dans un souci inconscient de pitié réciproque, en raison de leurs nombreuses carences intimes, vont tellement loin dans la relation fusionnelle qui les dépersonnalise qu’ils ne tardent pas à sombrer dans le délire à deux qui se signale par l’écart progressif des autres, surtout des personnes perçues comme menaçantes, dans l’espoir de vivre dans une plus grande sûreté, soit d’écarter le plus grand nombre d’expériences menaçantes pour la survie de leur couple. On ne peut s’étonner d’un tel choix de vie quand, devant les séductions de certains prédateurs envieux de l’entourage, tant de partenaires s’en prendront au rôdeur, conçu comme l’agresseur fautif, au lieu de chercher à comprendre les points faibles de leur couple qui peuvent prêter flanc à ce jeu qui se produit et perdure dans leurs parages.
La psychose partagée se reconnaît dans ce comportement de deux être qui se transmettent des symptômes malsains d’autant plus puissants qu’ils se sentent insécures, qu’ils ont vécu longtemps ensemble et qu’ils peuvent devenir hystériques. Dans leur isolement progressif, à défaut de références extérieures saines, en dehors des médias qui, dans leur quête de sensationnalisme, ne retiennent pas d’abord les faits les plus positifs, les deux partenaires ne parviennent plus à comprendre qu’ils se méprennent sur la réalité, qu’ils s’enfoncent dans leur vision erronée qu’ils renforcent à deux, développant une hostilité sans cesse plus forte à l’endroit des étrangers ou des êtres extérieurs au couple, définis comme des intrus potentiellement menaçants, donc indésirables.
Le délire à deux s’installe insidieusement dans une relation de couple. Il commence dans la difficulté à fréquenter d’autres personnes que le partenaire, imaginé comme le partenaire idéal, soit comme le meilleur confident, le meilleur pourvoyeur, le meilleur amant, le meilleur protecteur ou quoi encore, qu’il faut surtout éviter de partager pour lui éviter des tentations qui pourraient causer sa perte. Alors, les deux partenaires ne peuvent plus jamais sortir qu’ensemble, dans des endroits neutres ou anonymes, ne cessant de s’enlacer, de se bécoter, se tenant toujours par la main, quand ils ne vont pas jusqu’à se vêtir de manière semblable. Et s’ils parviennent à sortir seuls, pendant leur séparation, ils sentent tellement d’élastiques ou de soupçons les tirer vers l’élu de leur cœur, qu’ils ne parviennent pas à bien vivre la situation. En présence d’une autre personne moins connue, ils se rapprochent inconsciemment, en venant presque à s’asseoir l’un sur l’autre, se prenant la main ou à répétant des touchers complices, manière de marquer leur territoire comme les animaux, afin de bien rappeler à qui peut les voir qu’ils sont casés, ce qui signifie, dans le contexte, qu’ils s’appartiennent l’un à l’autre et qu’il ne faut pas toucher. Si on parle à l’un, l’autre ne se gêne pas pour répondre à sa place. Comme ils disent, sans l’autre, je ne pourrais plus vivre ou, sans lui, je ne suis rien. Et ils ont bien raison : ils se sont perdus l’un dans l’autre, ce qui n’a rien à voir avec une fusion spirituelle!
En général, dans un couple du genre, où l’un domine subtilement l’autre, tandis que l’autre, en retour, le domine physiquement, c’est généralement le dominant subtil qui gère la vie du couple, ce qui amène tant de partenaires mâles à dire que, dans le couple, à la maison, c’est la femme qui porte la culotte. Ainsi, à partir du jour de sa retraite, ce pauvre partenaire masculin ne peut s’y trouver bien à l’aise, ce qui l’amène à se chercher des occupations qui l’amènent fréquemment à quitter le foyer, à moins qu’il ne s’habitue à se rendre à la taverne ou qu’il se construise un atelier où il peut fuir cette atmosphère lourde dans laquelle il ne se sent rien d’autre qu’un meuble qu’on déplace au besoin. Et l’épouse ou la conjointe ne peut que se plaindre que, depuis le jour qu’il a quitté son emploi, la présence de son homme devient un fardeau bien encombrant dans la maison. Mais, même les enfants partis, s’ils en ont produit, jamais l’un ou l’autre ne se permettra de remettre en cause son statut social, incapable de même songer à reprendre son indépendance pour s’inventer un nouveau printemps, car leur plus grande désespérance résiderait dans le fait de se retrouver seuls, ce qui ne pourrait que les amener à s’étioler rapidement.
Mais le sujet de cet article consiste moins à étudier l’exemple d’esclavage à deux des couples insécures et mal assortis dans lesquels les partenaires se démontrent trop dépendants l’un de l’autre, qu’à s’Interroger sur la véritable notion de l’infidélité. Car, pour tout être incarné, la plus grande démonstration en ce domaine ne réside pas dans le fait qu’’un conjoint cherche à obtenir des faveurs sexuelles hors du couple, mais dans celui que, suite à l’obnubilation de la conscience, au moment de la naissance, chaque être humain commence personnellement à changer d’identité, se laissant dépersonnaliser dans l’imposition des normes de l’éducation, ce qui commence par l’imitation des gestes d’autrui, d’abord de la mère qui l’allaite et le soigne, du père qui pourvoit a ses besoins et des autres membres de la famille qui le confinent à un rôle qu’ils définissent inconsciemment, au lieu de lui permettre de se former à la socialisation et de simplement liquider ses premiers liens karmiques. Par la suite, ces premiers traditionnels et culturels impliquent l’influence des diverses autorités présumées qu’il accepte d’intégrer, s’écartant de plus en plus de sa nature innée et du plan de vie qu’il porte en lui. Car c’est ainsi que tout être développe progressivement une personnalité, souvent appelée «ego» en psychologie, qui se substitue à l’Esprit divin et qui, du coup, entrave le rayonnement de l’âme, ce qui l’enferme dans la Roue des réincarnations.
Dans cette perspective, il est clair que nul être ne gagne à répondre à l’appel arbitraire — parce qu’il s’agit d’un droit que nul autre ne détient, donc qu’il ne peut qu’usurper – d’exiger de sa part la fidélité et, encore pire, de lui jurer une absurde fidélité éternelle, puisque chacun se doit la fidélité d’abord à lui-même, en acceptant de réaliser, prioritairement à tout autre choix, son propre destin. Pourtant, à l’instar de leurs parents et de leurs ancêtres, les membres de l’humanité font tout l’inverse : ils s’empressent de se donner les moyens de former un beau couple et de fondre une famille – ce qui, en passant, n’est pas le cas de tous les êtres humains qui décident de mener ce genre de vie – et ils se donnent littéralement à d’autres, transgressant, à l’aube même de leur maturité, la loi éternelle de l’Autonomie et de l’Indépendance, la remplaçant par un principe de service prépondérant à autrui, plutôt qu’à Dieu, qui induit directement dans un schème de servilité à vie. En pareil cas, ce n’est qu’au terme de leur vie, si cela leur vient à l’esprit ou s’il leur en reste le loisir, qu’ils pensent aux moyens d’assurer leur destin éternel, ce qui reste une impossibilité pour un être qui n’a pas d’abord assumé à chaque moment, de son vivant, son destin humain d’être incarné libre.
Comment un être pourrait-il respecter le devoir présumé de la fidélité qu’un autre dit pouvoir lui imposer de bon droit, quand il ne respecte pas ce qui le conditionne, le droit de s’accorder à lui-même cet engagement de fidélité indispensable à l’assomption de son propre destin? Et pourquoi, dans une relation de couple, prendrait-il un tel engagement envers un être qui croit pouvoir lui imposer un tel devoir inconsciemment pour prolonger le plus longtemps qu’il lui soit possible une position qui l’avantage, protégeant par là ses propres arrières, dans son incapacité de se prendre en main ou d’assumer pleinement son propre destin par lui-même? Dans certains cas, la présence d’un autre n’est requise que pour donner l’impression de compter pour quelqu’un, d’avoir une utilité dans la vie, de ne pas écouter sa détresse intime, de ne pas ressentir sa solitude ou son vide intérieur. Au-delà des apparences, chacun n’est-il pas, de toute éternité, un être entier, complet, total et parfait en lui-même, plutôt que la demi-portion ou la douce moitié d’un être du même sexe ou d’un autre sexe, détenant les mêmes facultés psychiques et les mêmes dons spirituels que tous les autres êtres, des aspects intimes qu’il n’a qu’à activer par lui-même?
Puisque la vie de couple n’est pas pour autant interdite, en pareille situation, un être ne détient que le devoir de respecter les engagements licites et légitimes d’un contrat qu’il a choisi d’établir librement et auxquelles clauses il peut renoncer dès qu’il constate qu’elles limitent une liberté qui doit s’exercer dans la complète autonomie et la plus stricte indépendance. En cela, il n’est pas responsable qu’un être qui aspire à une relation de fidélité ne prenne pas le temps de connaître suffisamment son partenaire éventuel, avant de s’engager auprès de lui, pour être à même d’évaluer sa position d’être stable ou d’être volage. N’est-ce pas que les êtres stables gagneraient à se chercher des partenaires stables et les êtres volages, des cœurs papillonnants, à moins que les uns et les autres en viennent à se résigner à vivre seul.
En ce bas monde, ce qui représente la plus grande menace pour le bonheur de l’humanité, c’est moins la possibilité que le hasard desserve arbitrairement un être en particulier ou que le destin s’acharne sur lui, que le manque de conscience de chaque être incarné qui l’amène à s’imposer des devoirs qu’il n’ a pas à assumer ou à en imposer aux autres ou à s’arroger des droits qu’il ne détient pas ou de les accorder aux autres. Ce qui manque sur la planète, ce n’est pas surtout des connaissances et des moyens, mais de la sagesse dans leur usage. Surtout, en principe, nul ne doit quoi que ce soit à autrui, pas même à son plus grand bénéficiaire, puisqu’il n’est redevable de quoi que ce soit qu’à sa conscience, soit à la part d’Absolu qui l’habite. Ainsi, un être ne peut devenir fidèle à un autre que dans la mesure où il est d’abord fidèle à lui-même, ce qui doit d’abord au destin qu’il est appelé à se forger d’après la perspective de son âme.
Depuis que Dieu a repris la Régence du Monde, en 1957, dans la plupart des cas, en raison du risque d’asservissement inconscient que ce type de relation, la vie de couple, comporte, autant qu’en raison de la puissance de l’attachement qui se forme et de l’impact négatif de l’exercice de faux droits que chacun des partenaires s’arroge, avec le danger qui s’ajoute de se dépersonnaliser et de s’écarter d’autant de son propre destin, l’être gagnerait à récupérer sa complète liberté et à vivre seul. En cela, ce sont ceux à qui répugnent le plus cette injonction qui devraient le plus sûrement la mettre en pratique puisqu’ils signalent par leur répugnance ou leur résistance à le faire leurs carences intimes, notamment leur crainte de perdre au change en l’appliquant. Dans l’ère présente, chacun est appelé à réaliser que les valeurs du couple et de la famille doivent pâlir pour permettre à la volonté de la fusion intérieure d’émerger et de conduire vers la Famille spirituelle. On pourra prétexter que la notion de couple s’impose dans la troisième dimension, celle de la densité et de la dualité, où l’espèce humaiine doit se perpétuer afin de poursuivre son expérirence évolutive. Sauf que, dans la perspective de l’Ascension, qui aurait pu se produire des millénaires plus tôt, si l’humanité avait correctement accompli sa mission, sans laisser disperser son atention dans de faux besoins et les liens karmiques de famille, il n’est pas ûr que cette nécessité continue de s’imposer.
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