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L’OPINION PUBLIQUE VÉHICULE LA MÉDIOCRITÉ AU SENS DE DÉNOMINATEUR COMMUN DE LA PENSÉE COMMUNE
L’opinion publique désigne l’ensemble des convictions et des valeurs plus ou moins partagées, des jugements, des préjugés et des croyances de la population d’une société particulière. Aujourd’hui, l’opinion publique peut être influencée par les moyens de communication de masse, par les leaders d’opinion, par les professionnels des relations publiques et les agents des lobbys, par la propagande, mais aussi par l’éducation, les arts, les sciences et la philosophie. On ne saurait oublier les religions qui représentent une puissante influence. Mais il faudrait insister sur le rôle des médias qui se présentent comme le relais d’une vaste gamme de techniques de diffusion des messages publicitaires auprès des personnes auxquelles ils s’adressent afin d’orienter leurs idées et leurs comportements. Les hommes politiques tiennent particulièrement compte d’elle en obtenant des renseignements sur ses mouvements de pensée par les sondages d’opinion. Auscultée, décortiquée et redoutée, elle sert d’épine dorsale des démocraties libérales. L’observation démontre qu’elle ne se réduit pas aux résultats des sondages d’opinion, qui n’ont pourtant rien de scientifique et ne mesurent pas toujours ce qu’ils prétendent mesurer, et qu’elle répond plutôt à un processus collectif, dynamique, polymorphe… et apparemment imprévisible que les faiseurs d’opinion peuvent pourtant orienter dans une large part, surtout dans les pays totalitaires ou les régimes dictatoriaux ou dans les pays où les entreprises de presse sont concentrées dans un monopole.
Par sa nature, l’opinion publique se fonde sur des sources de renseignements superficielles et souvent farfelues, d’où elle nivelle toujours les réalités vers le bas, par le dénominateur commun. Elle intègre ou non l’actualité en fonction de ses grilles de lecture des informations des médias. Friande de sensationnel, elle se veut démocratique en ce sens qu’elle veut un peuple gouverné par le peuple, ne voit partout que des égaux en droit, qu’elle considère que toutes les opinions se valent et qu’elle accorde la même valeur au vote de n’importe qui. Et elle tolère mieux ce qui lui est inférieur que ce qui la dépasse. Elle se repaît de clichés, de stéréotypes, de préjugés. Elle impose une adhésion générale à des croyances et à des idées. Elle accepte mal la différence, la nouveauté et l’originalité, à moins qu’elle puisse s’en gausser. Elle propose, sous couvert de vertu ou de civilité, une opinion orientée. On dit qu’elle fait connaître l’opinion de la majorité silencieuse, d’où elle peut devenir un moyen insidieux d’intimidation. La pire hérésie, c’est de faire croire que l’opinion publique est univoque et unanime. C’est souvent ce que tentent de faire croire les gouvernants pour consolider leur pouvoir, quand ils affirment que l’opinion publique est avec eux. Du reste, que vient faire l’opinion publique dans la gouvernance d’un État si son devoir c’est de servir le bien commun, non de suivre le mouvement populaire. Sauf que c’est rentable de donner l’impression que le peuple est de son côté quand arrivent les élections.
Plutôt passive, l’opinion publique se nourrit de rumeurs, de mythes, de légendes, de récits sensationnels dont elle aime débattre parce qu’elle se nourrit de sources peu fiables comme les magazines, les journaux, la radio, la télévision et Internet, qui préfère le sensationnel à la vérité nue. C’est ce qui explique que Monsieur ou Madame-Tout-le Monde préfèrent les bulletins de faits divers, les potins de stars et les chroniques de chiens écrasés que l’information sérieuse et approfondie. Du reste, par manque de culture, d’instruction, d’éducation, de formation et d’informations sérieuses, elle mélange facilement tout, s’ameutant pour un rien, mais, plutôt timide et timorée, sans jamais passer à l’action. Elle préfère critiquer, dans le sens des mouvements de pensée, à agir. À preuve, il y a quelques années, on disait que si jamais le chômage atteignait quatre pour cent des pays industrialisés, il y aurait une révolution sociale violente. Or, depuis, le chômage a parfois atteint jusqu’à quinze pour cent de la population active sans qu’il se passe quoi que ce soit de dramatique, à part des critiques cyniques, mais maladroites, sur les gouvernements.
Les mouvements de foule, fomentés par l’opinion publique, peuvent devenir redoutables, comme l’actualité récente a pu le démontrer, notamment dans certains lynchages, sauf qu’ils sont souvent irrationnels et ne se fondent sur rien de bien solide, ce qui mène souvent à un chaos prolongé dont les sociétés touchées ont du mal à se remettre. L’opinion publique, c’est ce qu’on dit que le peuple pense. Sauf que la pensée commune résulte le plus souvent du prêt-à-penser ambiant qu’il suffit de répéter à satiété haut et fort parce que la plupart des gens ne pensent pas par eux-mêmes, se rangeant du côté de l’opinion prépondérante. Du reste, l’opinion publique est largement manipulée par des forces occultes d’autant plus puissantes qu’elles parviennent à se faire croire inexistantes.
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