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Les pratiques sexuelles
Les pratiques sexuelles et amoureuses ne sont évidemment pas les mêmes selon que l'on se situe en Amérique, en Asie, en Afrique ou encore en Europe. Petit tour du monde des rites sexuels par notre experte Sophie Bramly.
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Nos rapports sexuels sont secrets, ils n’appartiennent qu’à nous.
Pourtant nous ne cessons de vouloir connaître les normes en la matière, et manifestons, à divers degrés, une curiosité insatiable sur la sexualité des autres. Ce besoin normatif nous permet de nous rattacher au groupe culturel ou religieux auquel nous appartenons, tout comme les rites sexuels, qui sont partout.
Certains sont de nature, car ils sont nécessaires à la reproduction, comme les parades de séduction, qui permettent aux couples de se former, au moins le temps nécessaire de la reproduction.
D’autres sont culturels. L’anthropologue Bronislaw Malinowski affirmait que la sexualité « domine dans les faits presque tous les aspects de la culture ».
On se contentera ici d’un rapide éventail de quelques rites, qu’ils aient nos faveurs en Occident, ou qu’ils aient d’autres saveurs lorsqu’ils nous sont étrangers : au Brésil le fazendo todo permet aux jeunes brésiliens –garçons et filles – de tout essayer ; dans les îles Carolines, les jeunes hommes soulèvent la nuit les jupes des filles endormies et les sélectionnent en fonction de la beauté de leurs grandes et petites lèvres, et une fois en couple, ils frappent leurs pénis contre le clitoris de leur partenaire et atteignent ensemble l’orgasme. Au Rwanda, on agrandissait les petites lèvres de la femme pour qu’elle ait plus de plaisir, comme on pratiquait le Kunyaza, qui consiste à ce que le partenaire rentre le bout de son pénis dans le vagin et fasse des mouvements verticaux et horizontaux, sans oublier le clitoris, pour permettre à la femme de lubrifier plus et plus vite et d’atteindre l’orgasme en moins de cinq minutes. La liste des rites et pratiques est longue et elles sont la base, le ciment des cultures et des civilisations.
Ce sont ces rites qui structurent et rattachent les individus aux groupes sociaux. Ils permettent également aux adolescents de quitter le monde « asexué » qui est le leur, et de pénétrer dans celui, sexué, des adultes. Certaines cérémonies de mariage autorisaient autrefois les compagnons du marié quelques libertés avec la jeune épousée, et les blagues grivoises, qu’on peut entendre racontées de nos jours par les témoins du marié, en sont des émanations directes.
Si les rites sexuels ont une fonction sociale, ils ont, au sein du couple, des fonctions tout aussi essentielles, qui permettent de transformer l’acte, et soit le magnifier, soit au contraire transformer le rite en monotonie : faire l’amour uniquement le matin ou le soir, pratiquer toujours la même position, se mettre toujours aux mêmes endroits, sont des rites qui peuvent, petit à petit, éteindre la flamme.
Lorsque, au contraire, la relation est magnifiée par les rites spécifiques au couple, elle peut transcender la relation et magnifier l’orgasme, voire dans certains cas y mettre un zeste de sacré. Les rites privés du couple créent un climat propice, le couple se met « en condition » : messages, massages, bougies, parfums, odeurs, musiques, rendez-vous dans des lieux tenus secrets, tenues vestimentaires spécifiques, etc. et le corps réagit. On dit souvent « adorer » son partenaire, ce qui signifie littéralement rendre un culte à une divinité. Adorer, c’est aussi avoir envie d’honorer l’autre, lui manifester des intentions particulières, le singulariser, le « narcisser », et dans cette empathie, créer un climat qui peut emmener vers d’autres types de jouissances, qui sont physiques, mais aussi dans le resentie et spirituelles.
On se retrouve ainsi dans une situation paradoxale, qui pourtant fonctionne : il faut d’un côté que les rites et pratiques sexuelles passent de la sphère privée à la sphère publique, pour assurer en partie la bonne diffusion des normes en vigueur ; et de l’autre, tenir secrètes les pratiques inventées au sein du couple, pour ne pas les affadir à la lumière du grand jour et souder ainsi les amants dans des extases qui en appellent d’autres, plus profondes encore que les précédentes.
Mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?a vous dit pensée?le monde est pris dans les tabou educatife a nous de changer notre regard et les choses change................L'orgasme aurait mille vertus. C'est ce que tendent à montrer bon nombre d'ouvrages et études scientifiques, et qu’une vie sans jouissance ne serait que tristesse et souffrances. Le point de vue de notre experte Sophie Bramly.
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Au risque d’en agacer certaines, je me permets de faire ici le lien entre un article récemment paru dans le Monde et la publication d’un livre aux Etats-Unis sur l’orgasme, énième du genre, mais également remarquablement bien fait : « The Ultimate Guide to Orgasm for Women », de Mikaya Heart.
Dans le premier, un journaliste s'offusque (et certainement à juste titre) de ce que le Breast Journal (Le journal du Sein, revue scientifique) ait publié un peu hâtivement un article d’un médecin néerlandais, Jerry Stuger, qui trouve comme cause principale des cancers du sein la frustration sexuelle.
Selon Pierre Barthélémy, auteur de l’article du Monde, l’étude décrit : « selon un schéma simpliste, les mécanismes socioculturels menant, selon lui, les femmes à la frustration sexuelle, laquelle dérègle leur production hormonale, ce qui provoque, en fin de course, le cancer du sein (mais curieusement pas celui du col de l'utérus ou de l'ovaire). En fait, ce sont les conventions sociales, plus que les facteurs biologiques, qui, toujours d'après M. Stuger, déclenchent la maladie ». Il cite l’auteur : « Dans la plupart des sociétés occidentales, l'indépendance économique des femmes ne s'est pas améliorée au point que leur choix d'un partenaire stable puisse entièrement se faire en fonction de son attraction sexuelle. Si le partenaire sélectionné n'exerce pas ou que très peu d'attraction sexuelle sur l'autre membre du couple, il est probable qu'une frustration sexuelle finira par s'ensuivre, ce qui causera à terme le cancer du sein chez certaines femmes. »
Dans le second, l’auteure cite un grand nombre de chercheuses américaines qui seraient toutes arrivées à la même conclusion : l’orgasme a un effet analgésique sur la douleur. Certaines comme Gina Ogden, racontent des expériences ou des femmes n’enregistrent aucune douleur à des stimulations, là où quelques minutes auparavant la douleur semblait insupportable. Alan et Donna Brauer racontent leurs études de cas autour de groupes de femmes arthritiques, qui seraient soulagées de leurs douleurs récurrentes durant les 30 minutes qui suivent l’orgasme. D’après ces derniers, plus l’orgasme est long, plus il permet de venir à bout de maux de tête, nuque, dos, de douleurs menstruelles, intestinales, d’asthme et bronchite, de dépressions, fatigues, anxiété, insomnies, … On rejoint sans doute en partie les techniques de peau à peau, pour sauver les bébés prématurés lorsqu’il n’y a pas de couveuse et pallier à leurs carences affectives.
Pour Cécile Cortet-Pham, masseuse-kinésithérapeute, « La naissance est une mort à un état pour pouvoir renaître à un autre état ». Peut-on faire le lien entre cette « mort » de la vie aquatique, annihilée par le contact avec la mère, et la « petite mort » ? Il me semble que oui. L’amour ou lintention?sans orgasme apporte un réel bénéfice, une forme d’apaisement, à échanger avec plaisir des caresses avec l’autre, à se fondre l’un dans l’autre dans des chaleurs mutuelles. Avec l’orgasme, on parle volontiers d’extases, d’expériences cosmiques, d’énergies incroyablement puissantes et régénératrices. Citant une fois de plus les travaux de la biologiste Lucy Vincent sur l’ocytocine, « molécule du bonheur », qui déclenche les spasmes de l’utérus pour permettre la sortie du bébé, créer l’attachement de la mère à l’enfant, et déclenche encore le spasme de l’orgasme, on peut sans doute imaginer que d’autres effets bienfaiteurs sont également possibles.
Mais la puissance du contact, du lien à l’autre et les bénéfices indéniables du plaisir ne permettent pas de conclure qu’il y aurait d’un côté ceux et celles qui souffrent de privations sexuelles en risquant la maladie, et de l’autre, ceux et celles qui jouissent, qui seraient protégés de troubles physiques. Cependant, il est toujours opportun de se souvenir que le lien charnel, et la jouissance qu’il procure, sont sources de plus d’apaisements qu’il n’y paraît au quotidien. Alors à médité ???????????? Atanor.
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