• LA LIBERTÉ D’OPINION ET D’EXPRESSION, UN DROIT INALIÉNABLE À UTILISER AVEC RESPECT ET DISCERNEMENT… 

     

    Winston Churchill a su dire: «L’idée que se font certaines personnes de la liberté de parole les autorise à dire ce qu’ils aiment, mais, si quelqu’un leur réplique, ils parlent d’outrage.» 

    La liberté d’opinion et d’expression, qu’on appelle aussi le droit de parole, est l’une des premières libertés politiques et plus généralement des libertés fondamentales.  Car à quoi servirait-il à un être de vivre si, dans le concert de la société, il n’a pas son mot à dire, ne peut pas émettre ses pensées, ajouter son point de vue, exprimer sa situation, présenter ses besoins, préciser ses préférences?  Ce droit s’accompagne de la liberté d’information et, plus spécifiquement, de la liberté d’écriture et de presse, qui est la propriété de l’écrivain ou du journaliste de dire ou de faire ce que bon lui semble dans ses livres ou dans son journal, sous réserve d’en répondre devant les tribunaux, en cas de diffamation, de calomnie, d’incitation à la haine ou au meurtre.  En effet, ce droit fondamental est conditionnel, dans le sens qu’il peut être limité ou restreint pour des raisons sécuritaires, pour protéger le droit des individus (répression de l’insulte publique, diffliberté-d-opinionamation, lutte contre les discriminations raciales et le négationnisme des crimes, défense des droits de propriété intellectuelle.  Son antithèse est la censure, ce qui est le propre des gouvernements totalitaires ou dictatoriaux et des religions dogmatiques du même acabit.

    La liberté d’opinion ou d’expression renvoie à la faculté de dire ce que l’on pense par les moyens que l’on juge appropriés.  Une véritable société de communication bien pensante serait celle qui protège avant tout la liberté de parole. Cependant, aujourd’hui, plus les êtres humains pensent ensemble, moins ils parlent, moins ils sont en contact avec leurs semblables.  Ou, en raison des nouveaux moyens à sa disposition, il parle trop, il communique trop mal et il abuse du privilège de l’anonymat.  Sur les médias sociaux, il est consternant de lire autant de  commentaires accusateurs, diffamatoires, gluants, putrides, haineux, parfois carrément criminels, des propos émis sous le veule couvert d’une intervention incognito.  N’est-il pas inutile et malsain d’entreprendre une discussion avec des gens qui ne parlent pas à visage découvert lorsqu’ils injurient ou attaquent?  Le droit des ces couards ne devrait-il pas être limité?  Mais est-ce possible dans la limite des moyens actuels?

    Car, même dans un droit, il faut déterminer où se situe la limite entre ce qu’il convient et ce qu’il disconvient de dire ou d’écrire.   Or, qui peut trancher en cette matière?  À défaut, n’importe qui dit n’importe quoi.  Tous les contraires sont énoncés avec la même conviction et la même fougue, divisant de plus en plus les consciences des faibles.  Il n’en reste pas moins que, au cours des siècles passés, la suppression de la liberté de parole, avec son cortège de restrictions apportées à la connaissance, a constitué l’obstacle majeur au progrès de la culture et de la civilisation.  En empêchant la circulation et la libre expression des idées, on enlève un outil de transmission qui réprime l’avancement, entraînant la société dans le dogmatisme et la stagnation.

    Au début du Moyen Âge, surtout, on conservait la connaissance acquise dans des textes latins et grecs, langues connues presque uniquement des moines et des prêtres, un peu d’une élite intellectuelle ou noble, mais peu des femmes et de la masse.  On considérait cette situation comme normale, alors on n’essayait pas de procéder autrement, on n’encourageait pas l’usage écrit des langues vernaculaires, privant les gens de nombre de bonnes occasions de s’instruire et de se former.  Toute tentative pour introduire de nouvelles conceptions qui s’écartaient du point de vue traditionnel était condamnée comme hérétique, surtout lorsqu’elle contredisait ce qui était considéré comme sacré.  On brûlait de telles œuvres rejetés par les pouvoirs politique et religieux.

    Plus récemment, des gouvernements dictatoriaux ont restreint le droit de parole et d’expression, l’Église catholique ayant elle-même longtemps maintenu son droit de mettre à l’index les livres qu’elle jugeait immoraux ou osés et d’excospeaker's-corner-londonmmunier les apostats.  La suppression de la liberté politique se maintient dans des pays où l’État contrôle la presse et les moyens d’information pour empêcher la dénonciation de la corruption politique ou la montée des forces d’opposition.

    La liberté d’opinion et d’expression se complète par la liberté d’action, qui comporte la liberté d’agir et d’aller et venir à son gré.  De même par la liberté de conscience.  Celle-ci évoque la situation dans laquelle une personne peut agir suivant sa conscience à l’égard des valeurs morales, ce qui inclut le droit de pratiquer librement la religion de son choix.   Plus clairement, elle exprime la faculté d’agir extérieurement suivant sa conscience et de jouir d’une complète liberté en matière de valeurs, notamment de pratique religieuse.

    Malgré les tentatives de contrôle, la liberté d’expression s’est considérablement émancipée depuis l’avènement du Web. Il devient difficile pour un pouvoir exécutif de mettre efficacement en œuvre des mesures de répression de l’opinion dès lors que cette dernière s’exprime de façon libre, décentralisée, infiniment reproductible et indélébile sur la Toile mondiale (Internet). Dans cette mesure, le Web est très souvent comparé à deux grandes inventions de l’Histoire, qui ont également abaissé le coût d’accès à la connaissance et contrecarré la censure: l’imprimerie et l’écriture.  Le XXIe siècle a d’ailleurs connu nombre de mouvements qui ont en commun de défendre un idéal de liberté (plus ou moins bien exprimé) et d’utiliser Internet pour la mobilisation.  Nombreux sont ceux qui expriment l’opinion que ces exemples illustrent les toutes premières manifestations d’une nouvelle ère de liberté à laquelle Internet servira de vecteur.

     

    © 2007-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.  


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  • L’INTÉRÊT PERSONNEL A DES DEGRÉS: IL PEUT MENER À L’ÉGOCENTRISME AU NARCISSISME…

    Le «je», pronom personnel à la première personne du singulier, dévoile l’«ego» ou le «moi» et il identifie la faculté d’individualisation, celle qui s’attribue les faits psychiques et leur donne la forme de faits personnels.  Il attire l’attention sur le «soi-même», le centre de la conscience objective, qui régit l’intelligence et l’appareil par lequel il prend contact avec le monde extérieur.   Voilà la part qui, en chacun, engendre et consomme des énergies, dirigeant une certaine quantité de la force vitale qui lui est propre, capable aussi de réagir à des énergies plus vastes, de s’en servir et de les adapter au besoin.  Avec une majuscule, il identifie l’Ego, le Centre de l’unicité, l’Impersonnalité créatrice, qui a été donné à chacun afin de se séparer du Grand Tout pour se permettre de faire l’expérience d’Egoisme-600x300une particularité de l’Être total.  Ainsi, chaque être individualité représente un cristal aux mille facettes, différente des autres, une combinaison unique de l’Énergie divine.  Au résumé, le «je» réfère à la personnalité, tandis que le «Je» réfère à l’Individualité.

    Quant au «moi», ce pronom personnel qui désigne également la première personne au singulier, servant à identifier la personne qui parle et se prononce, mais en renforçant le «je», il indique qu’une personne détient une forte personnalité ou est puissamment retournée sur elle-même.  Il a donné un nom masculin invariable qui évoque ce qui constitue l’individualité ou la personnalité du sujet;  la personnalité qu’un être affirme, en excluant les autres;  le sujet pensant.  Dans la psychanalyse freudienne, il devient l’instance distinguée du «ça» et du «surmoi» qui permet une défense de l’individu contre la réalité et contre les pulsions.  Ainsi, le «moi» devient ce qui constitue la personnalité d’un être humain et lui permet d’élaborer les notions d’individualité et d’altérité.  La notion du moi peut se percevoir de diverses façons.  Il peut désigner un individu considéré comme une personne identique, un être doué de personnalité, un être en relation avec sa propre identité  Il peut encore cerner ce qui constitue l’individualité ou la personnalité d’un sujet, porté à s’affirmer en excluant les autres, ce qui fonde l’égoïsme.  Il peut comprendre la personne humaine en tant qu’elle est consciente d’elle-même, à la fois sujet et objet de la pensée, menant à l’attachement exagéré à sa personne.  Il peut impliquer la personnalité dans sa tendance à ne considérer que soi et qui adapte la réalité à sa perception.

    En spiritualité, on définit le «moi» comme le centre de prise de conscience qui reçoit les impressions électriques, sous forme d’impulsions, des vibrations de l’énergie de l’Esprit universel.  Il donne naissance au concept d’un monde structuré à plusieurs dimensions (niveaux ou plans).  Toutes les perceptions individuelles passent par le canal des processus conscient du moi par des stimuli composés d’ondes.  Dans cette perspective, le moi constitue l’ensemble psychologique et psychique qui compose un être dans sa substance individuelle.  Appelé ego, en latin, il devient synonyme de personnalité individuelle.  On reconnaît qu’il relève de la séparativité et qu’il témoigne de la portion d’ignorance qui résulte de l’attention à soi et qui coupe arbitrairement du Tout.  Il induit dans la satisfaction des appétits, des désirs, des besoins et des passions.  Mais ceux-ci ne lui suffisent pas longtemps puisqu’ils ne lui confèrent aucune importance. Alors, pour développer son sentiment de distinction, il recourt à ses mécanismes fondamentaux d’agression : la possession, le pouvoir, la concupiscence et la renommée.

    C’est par ces tendances que l’être humain a lentement modifié son environnement.  Mais ses pulsions fondamentales d’agression sont impérieuses et impitoyables, n’étant motivées que par l’éminence de la personne.  Aussi développa-t-il peu à peu une autre impulsion, plus subtile que les instincts, le sentiment d’affinité, un lien avec le moi des autres.  Cette expansion sympathique des émotions d’un sujet aux autres visait d’abord à établir une réciprocité, par une comparaison mentale, tenant compte des propres sentiments du sujet dans des circonstances similaires.  Ce fut l’aube de la conscience qui amena l’affection, la forme d’amour que connaît l’être ordinaire, qui implique des préférences et des privilèges.  Il comprit que certains actes et certaines pensées réprimaient le moi, ce qu’il regrettait et déplorait, amoindrissant son sentiment d’estime personnel.  Ainsi, sa conscience établit une influence restrictive sur ses tendances agressives.

    Le mot «moi» a donné lieu à des expressions, notamment au «petit moi», qui désigne le «moi inférieur», le «moi séparateur», la personnalité ou l’«ego».  L’«ego», ce terme latin qui signifie «moi», est surtout employé en philosophie, notamment en métaphysique, pour référer au sujet conscient et pensant, bien que, en psychologie, il cerne l’instance du «moi».  Il s’agit de l’entité psychosomatique, aussi appelée la personnalité ou le petit moi, élaborée par le mental, qui donne l’image intériorisée de la conscience de soi et de sa valeur, qui favorise le culte du moi, le développement personnel, en marge de l’altérité.  Voilà la fonction par laquelle un individu se perçoit comme un moi, comme un sujet singulier, unique et permanent, différent de tout autre.

    En fait, le «je» désigne l’instance artificielle ou factice de l’être qui surgit de la conscience dissociée, séparée, divisée.  Il s’agit de la partie matérielle de l’homme, élaborée par le mental, qui développe des traits de caractère, un tempérament, des comportements, des aptitudes, des motivations, un rôle social, une façon de penser, exerce une influence, bref tout ce qui constitue son individualité propre.  L’image mentale qu’un sujet se forme de lui-même, révélant ses traits distinctifs et ses dispositions générales dans sa façon de sentir, de penser, de parler et d’agir ou de réagir.  Ce qui fait qu’une personne est elle-même et pas une autre et qui correspond à sa manière de raisonner, de percevoir son milieu et son environnement, de s’adapter au milieu, de réagir face aux événements, de témoigner sa sensibilité (sentiments), de présenter son apparence physique, ajouté à ses comportements, attitudes, aptitudes, habitudes, postures, qualités et défauts, volonté, adresse, agilité, éducation, centres d‘intérêt, degré d’acceptation de soi, croyances, modes de créativité, maîtrise individuelle, degré de conscience.  Ainsi, elle recouvre la totalité des caractéristiques individuelles.

    C’est l’âme, sortie du Tout divin, qui peut choisir, par son libre arbitre, de retourner vers lui, grâce à la compréhension de l’unicité du Moi en Dieu.  Car, s’il y a un petit moi ou un moi inférieur, par opposition, il doit y avoir  un «Grand Moi» ou un «Moi supérieur», qu’on appelle parfois, simplement, le «Moi».  Ce que la majuscule peut faire!

    Dans cette acception, le «Moi» désigne l’Identité intrinsèque d’un individu incarné.  Du reste, selon les auteurs spirituels, pour bien se différencier, ce «Moi» porte divers épithètes qui le renforcent, pour éviter toute confusion.  Il s’agit du «Maître personnel», «intérieur», «intime» ou «dormant» ou du «Veilleur silencieux».  Ainsi, on parle de «Vrai égocentrismemoi», de «Moi christique», de «Moi divin», de «Moi essentiel», de «Moi intérieur», de «Moi réel», de «Moi supérieur», de «Moi spirituel» ou de «Moi suprême», même de «Moi des profondeurs».  Ouf!

    Il s’agit de l’Être divin sans âge et éternel qui a vécu plusieurs expériences depuis qu’il a franchi le Pont de l’Infini et qui infuse d’un dynamisme qui pousse à apprendre en communiquant l’expérience d’un entraînement antérieur afin d’assister dans l’expérience présente.  Il évoque l’aspect le plus élevé de chaque identité.  Dans le processus évolutif, il représente la dernière conséquence du travail intérieur sur soi-même, le résultat de la transmutation initiatique.  Pour l’être humain, il figure l’Idée parfaite de lui-même, sa Quintessence limpide, pure et lumineuse.  Toutefois, la majorité préfère attribuer ces titres à la Monade spirituelle.  Autrement dit, il désigne l’Identité intrinsèque d’un individu incarné, l’Être divin sans âge et éternel qui a vécu plusieurs expériences depuis qu’il a franchi le Pont de l’Infini et qui infuse d’un dynamisme qui pousse à apprendre en communiquant l’expérience d’un entraînement antérieur afin d’assister dans l’expérience présente.  Doté d’amour, de sagesse et d’intelligence, il peut offrir la vérité et l’assistance à celui qui en reconnaît l’existence au plus profond de lui.    C’est l’Esprit divin, c’est l’Esprit qui dirige, de loin, de l’au-delà ou de l’intérieur, le corps physique et le mental.

    C’est le Cela en soi qui guide toujours vers la Vérité.  Situé de l’autre côté du voile ou de la trame, il engendre des solutions pour son incarnation présente et il organise d’autres planifications pour ses contrats éventuels.  Il s’agit du Moi christique qui agit comme Messager et Interprète du Père dans l’Univers.  C’est la partie la plus élevée de l’être qui gère des concepts interdimensionnels, qui maîtrise les niveaux les plus complexes de la physique, de la biologie et du psychisme, le Maître de la Magie ou de l’Alchimie.  C’est la partie de soi qui engendre la matière et qui connaît les plus grands secrets de l’amour.  C’est l’Étincelle de vérité intuitive en chacun, qui provient de la Grande Source centrale de l’Univers, qui a toujours existé et qui existera toujours.  Son intervention est déclenchée par l’intention et un haut niveau de connaissance.  On l’appelle encore le Soi supérieur ou divin, l’Être transcendantal,  l’Auxiliaire intérieur, le Maître intérieur, la Présence Je Suis, et bien autrement.

    Le «je», et encore plus le «moi, je…» ou «moi, c’est…», dénote l’égocentrisme et l’égoïsme, qui peuvent s’exprimer à divers degré, selon le degré de maîtrise de soi et d’ouverture aux autres, appelé l’altruisme.  Amenant à se ficher de l’intérêt et du bien-être d’autrui, ils engendrent un comportement antisocial que l’on peut appeler «l’asociabilité».  Selon le degré de concentration ou de repli sur soi-même, l’ordre des préoccupations de son propre être va de l’estime de soi au narcissisme.  L’estime de soi, qui est amour sain de soi, amène à s’accorder la première place, dans ses priorités, ce qui est un droit naturel, puisque nul ne peut donner ce qu’il ne possède ou ne porte pas.  Surtout que, chez un être sensé, il implique l’acceptation de lui-même tel qu’il est pour l’information que son être fournit relativement à son degré d’accomplissement personnel.  C’est un être qui sait se respecter dans son droit d’agir à sa manière, à son rythme, conformément à ses moyens et à sa compréhension, sans devoir rendre de comptes à autrui.  Il assume sa liberté et il exerce sa souveraineté.  Le fait de s’occuper de soi n’enlève rien aux autres.  Puisque chacun est un être entier, complet, total et parfait en lui-même, et que, à l’origine, tous les êtres ont reçu les mêmes dons et les mêmes facultés, personne ne doit rien à qui que ce soit.

    Cette considération personnelle doit comprendre le fait de s’accorder le droit à l’erreur, autoriser à explorer ses zones d’ombre, incliner à retrouver son identité et à comprendre que, tel qu’on est, on est aimé de Dieu et de l’Univers, et qu’on vit une grande aventure évolutive, du fait qu’on foule le sol terrestre.  Elle implique également le détachement ou le lâcher prise qui amène à cesser de réagir pour apprendre à agir de façon créative et constructive, s’accordant un amour inconditionnel, sans jugement.  Fier de lui, chacun doit se couronner lui-même et se revêtir de ses habits royaux sans attendre que les autres le fassent pour lui ou confirment son droit de le faire.  Chacun reste le maître absolu et le directeur unique de son univers, appelé à agir de façon libre, autonome, indépendante, mais amoureuse, fraternelle et solidaire.  De ce fait, il peut marcher en dehors des voies proposées, tourner ses yeux vers des espaces et des lieux interdits, pour valider ses conceptions ou affermir son savoir.  Car nul ne peut avancer sans danger avec des croyances mais il peut le faire avec des certitudes confirmées par l’expérience personnelle.  Alors, se proclamant Enfant divin, créé à l’image et à la ressemblance du Créateur, il peut explorer tous les chemins de la Vérité en respectant la maxime de la modération ou du juste milieu, qui maintient dans l’ordre et confère l’équilibre et l’harmonie : un peu de tout sans abus.

    Mais, chez un être déséquilibré, l’estime de lui-même peut rapidement incliner vers l’égoïsme ou l’égocentrisme, qui rendent individualiste.  Héritage de l’instinct de conservations, chacun devient égoïste, aimant tirer la couverture à lui.  L’égoïsme, c’est la propension à se préoccuper exclusivement de son propre plaisir et de son propre intérêt sans se soucier de ceux des autres.  On le comprendra sans problème, l’«ego» est la source de l’égoïsme, cette propension à se préoccuper exclusivement de soi et de ses besoins, quitte à négliger ou renier ceux des autres, menant même à considérer tout être qui s’oppose à cette inclination comme un ennemi à dominer, à écarter ou à abattre.  Cette attention pour soi-même se manifeste par des petits travers agaçants : toujours se présenter en retard à un rendez-vous;   allumer lampes et télévision en rentrant à deux heures du matin, même si  toute la maisonnée est endormie;  dévaliser le contenu du réfrigérateur avant le repas familial;  prendre la plus grande part de tout et le meilleur de tous les mondes;  refuser le partage;  laisser tout traîner, sans jamais rien ramasser, dans la maison familiale;  utiliser les biens d’autrui sans permission ou sans soins.

    L’égoïste refuse tout effort qui n’aurait d’objet que d’être serviable, d’être utile ou agréable aux autres.  Son propre intérêt, son propre plaisir ou son propre confort passent avant les considérations altruistes.  Il y a une part d’égoïsme qui s’ignore, mais aussi une part qui s’impose.  Si une part de l’égoïsme peut être inconsciente, une autre peut s’affirmer et s’exprimer sciemment et sans scrupules.  Récidiver au quotidien malgré les reproches et les remarques, cela tient bel et bien de l’indifférence à l’endroit d’autrui.  C’est refuser de lui reconnaître des droits, même les nier. Mais, à l’inverse, il existe des égoïstes héroïques.  On pense ici à ces personnes généreuses qui donnent de leur temps, de leur attention, de leur écoute ou de leurs biens pour se faire admirer socialement.  Dans bon nombre de cas, cet altruisme apparent n’est qu’une forme sublimée de l’égoïsme.  En pareil cas, le don ou les services ne sont pas entièrement désintéressés puisqu’ils comptent sur un retour: un remerciement, de l’amour, de l’intérêt, de l’admiration.  Ils servent à flatter l’ego et à rehausser l’estime de soi.

    En principe, on pourrait définir l’égoïsme comme un attachement excessif à soi-même et à ses intérêts, dans l’application du principe des deux poids et deux mesures, il s’exerce au détriment ou au dépens des autres.  En effet, l’être égoïste aime s’isoler pour jouir de ses choses, refuse de les prêter, évite de s’associer aux autres, s’abstiens d’aider les autres ou de leur porter son concours.  L’égoïsme est la cause de tous les conflits et la source de toutes les mauvaises actions.  C’est l’obstacle majeur qui se pose sur la voie de la libération.  Pour évoluer, un être gagne à vivre dans le détachement et à participer au bien commun.  Un bon moyen de se détacher de sa personnalité, c’est de considérer le caractère éphémère de la vie et le caractère transitoire des choses.  Tout passe, car tout se transforme.

    L’égoïsme, une affection excessive de soi-même incline à parler constamment de soi, à tout rapporter à soi, à établir un culte de soi, en oubliant les autres.  Il se signale surtout par la pensée concentrée sur les aspects extérieurs et apparents du moi et par l’abus des mots «moi», «je», «me», «mon», «ma», «mes».  Plus un être est égoïste, plus il oblige les autres à combler ses besoins, gagnant ainsi de l’énergie et du temps pour mieux s’occuper de lui-même dans ses fantaisies et ses caprices.  Voilà comment il réussit, ultimement, à écarter les autres et à apparemment se séparer de Dieu, car il ferme le cœur à l’amour.  Le Maître Saï Baba a dit : «La chaîne de montagne de l’ego cache Dieu.»  Voilà pourquoi il est dit que l’oubli des misères du petit moi augmente la puissance de réalisation dans la Lumière.  Pour sa part, Sivanandâ a affirmé: «Celui qui meurt à la partie inférieure de lui-même s’élève à l’immortalité. Ainsi, détruis ton moi inférieur avec l’épée de l’impassibilité, la hache de la méditation, et accède à l’immortalité…» Sri Aurobindo Ghose a rappelé avec conviction: «Si tu gardes cet ego humain et crois être un surhomme, tu es seulement la dupossessivitépe de ton propre orgueil, le jouet de ta propre force et l’instrument de tes propres illusions.» Yogananda a dit : «Le noyau dur de l’égotisme humain peut difficilement être délogé autrement que par la rudesse.  À son départ, le Divin trouve enfin un canal non-obstrué.  En vain, Il cherche à passer à travers les cœurs de pierre de l’égoïsme.»

    Quant à l’égocentrisme, il rappelle la tendance à ne concevoir le monde que de son seul point de vue centrer tout sur soi-même, à juger tout par rapport à soi ou à son propre intérêt, par opposition à l’allocentrisme, la tendance à faire de l’autre le centre de l’univers, voire de son univers.  Il traduit l’immaturité de celui qui a peu expérimenté et voyagé.  L’égocentrique se préoccupe avant tout de sa personne et il pense qu’il est la première préoccupation des autres.  Il est porté à aimer le regard mélioratif que les autres portent sur lui, mais sans penser à s’aimer véritablement. L’égocentrique ne s’aime pas tel qu’il est mais tel qu’il paraît aux autres, il pense être la seule cause du bonheur ou du malheur des autres, il peut se prendre pour le sauveur, le tyran ou le martyr de ceux qui l’entourent.  Il s’apprécie dans le reflet que les autres lui retournent de lui-même.

    L’égocentrisme relève d’une genèse différente de l’égoïsme : il résulte d’une ratée d’individualisation.  En effet, le bébé humain prend progressivement conscience de lui-même en se différenciant de sa mère avec qui il entretient  d’abord une relation fusionnelle.  La capacité d’utiliser le «moi» ou le «je» dans le langage témoigne de cette acquisition.  Comme l’a écrit Edgard Morin : «Le sujet humain est égocentrique, dans le sens où il s’auto-affirme se mettant au centre de son monde.  Mais, dans son «je», il inclut un «toi» et un «nous», et il est capable d’inclure son «je» dans un «toi» et un «nous».»  En effet, dans la petite enfance, l’être en croissance se croit le centre du monde.  Dans une pensée magique, il pense qu’il suffit de demander ou, en cas de résistance ou de retard, d’exiger et d’attendre satisfaction de son désir ou de son besoin.  Il croit qu’il suffit qu’il veuille quelque chose pour que cela se produise selon sa projection.  Par la suite, l’éducation familiale et les relations sociales vont l’aider à diminuer sa centration sur lui-même, étant appelé à partager, à patienter, à renoncer, à tenir compte de l’existence de l’autre.  Sa socialisation passe par la frustration de voir ses droits présumés réduits.  En cas d’échec dans sa socialisation, il demeure un adulte centré sur lui-même, c’est-à-dire  égocentrique.  Il est dans l’incapacité de prendre en compte un point de vue différent du sien. Il a toujours raison, il ne comprend pas son entourage. Souvent, il n’entend pas exactement ce qui lui est dit: il choisit dans le discours ou les attentes de l’autre ce qui lui est favorable.

    Si l’égoïste ne se soucie pas des autres, l’égocentrique, un incompétent social, s’en soucie trop: c’est leur jugement qui le fait vivre.  Il veut être aimé, servi, admiré, reconnu. Toute critique ou remise en cause soustrait à son bonheur.  Comme il s’observe en permanence, il pense que le reste du monde l’observe aussi. De l’égocentrisme à la tendance paranoïaque, il n’y a donc qu’un pas: dès que les choses ne vont pas dans le sens de ses attentes, systématiquement, il se sent persécuté, désapprouvé.  Par exemple, dans un «Oui, mais…», il ne retiendra que le «… mais…»  Ses difficultés ou ses erreurs sont toujours imputables aux autres.  Par exemple, s’il fait tomber un objet, ce sera parce que quelqu’un l’a mal posé, l’a placé à un mauvais endroit.

    En fait, un tel être n’est pas forcément égoïste, puisqu’il peut rechercher consciemment le bien d’autrui, se montrer généreux, se poser comme un protecteur ou un sauveur.  Mais il peut aussi devenir tyrannique, comme il l’était lorsqu’il était un petit enfant, à savoir que ses désirs doivent être exaucés illico, comptant même qu’il en soit ainsi avant même qu’il ne les ait exprimés.  Il s’attend à ce que l’autre, à l’instar de ses parents autrefois, devine ses pensées ou ses intentions, le comprenne intuitivement, sa pensée tenant lieu de parole, ce qui peut causer des problèmes de cohabitation.  Dans le pire des cas, l’égocentrisme, associé à l’égoïsme et à la mégalomanie, peut devenir un fléau pour la société, puisqu’il engendre les monstres sanguinaires indifférents à la souffrance des autres, bien capables, à l’occasion, de chercher la renommée dans la haute criminalité.  Ainsi, si l’égoïste n’est pas nécessairement, l’égocentrisme l’est.  Ses attitudes et ses comportements traduisent un profond sentiment d’insécurité, de doute et de dépendance parce que, dans leur admiration inconditionnelle, ses parents lui ont passé trop de choses dans son éducation.  Très souvent, il désigne moins une inclination égoïste que cette pulsion plus délicate qui fait rechercher l’estime, l’admiration ou les éloges de ses semblables.

    L’égoïsme et l’égocentrisme peuvent mener à l’égotisme, une forme d’admiration de soi qui ajoute du raffinement à l’aspect brut des deux premiers.   Il s’agit d’un culte du moi, mené avec ou sans complaisance, la revendication d’être soi-même, la poursuite trop exclusive de son développement personnel qui implique une disposition à parler de soi, à faire des analyses détaillées de sa personnalité physique, morale, éthique, psychique.  Il s’agit de l’exaltation du sentiment du «moi» dans son unicité qui mène à une règle de vie construite sur cette recherche, ce qui devient une religion du «moi», un culte de la personne intime, la contemplation béate de soi-même qui se cherche des témoins, par exemple dans l’écriture ou les arts.

    Chez un être qui souffre d’un complexe d’infériorité ou de supériorité, dès que l’orgueil commence à s’en mêler, il bascule dans l’amour-propre, ce sentiment de sa propre valeur ou de sa dignité qui repose généralement sur l’attachement exclusif à sa propre personne, à sa conservation et à son développement.  Il peut traduire un sentiment d’infériorité sublimé qui rend très susceptible.  Ce mot définit très souvent une propension à l’égocentrisme et à l’égoïsme, dont on a déjà parlé.  Car, dès qu’il est question de respect, d’honneur ou de dignité, les choses en restent rarement à cet état inoffensif.  Il se transforme rapidement en un attachement presque exclusif à sa propre personne, à sa conservation et à son développement.  Ainsi, il exprime l’appréciation subjective, plutôt positive, qu’une personne porte sur elle-même, afin d’assurer sa conservation, qui peut dégénérer en agressivité, en hostilité.  L’égocentrisme est le travers des artistes de tous acabits, chanteurs, comédiens, mannequins, modèles, etc. qui trouvent dans la réaction du public une propre raison de s’apprécier.

    En fait, l’amour-propre, qu’il ne faut pas confondre avec l’estime de soi, peut exprimer une attitude vicieuse quand il définit une propension à l’égocentrisme et à l’égoïsme.  En ce sens, il faut savoir le contenir en de justes limites.  Cette émotion atteint son paroxysme quand elle amène un être à se préférer aux autres, exigeant en outre que les autres le préfèrent à eux, ce qui est rarement possible et déclenche des conflits de personnalité.   Alors, s’attendant à ce que les autres s’éprennent de lui et se négligent à son bénéfice, il finit par les dégoûter et les repousser.  À ce propos, Madame de Lambert, une fine observatrice,  a écrit : «Notre amour-propre nous dérobe à nous-mêmes, et nous diminue tous nos défauts. Noégotiqueus vivons avec eux comme avec les odeurs que nous portons ; nous ne les sentons plus, elles n’incommodent que les autres : pour les voir dans leur vrai point de vue, il faut les voir dans autrui.»  La comtesse de Ségur rappelait avec ironie: «L’amour-propre, toujours maître des hommes, corrompt les forts par l’orgueil et les faibles par la vanité.»  Et La Rochefoucauld d’ajouter: «L’amour propre est le plus grand des flatteurs.»  Napoléon lui-même, qui s’est élevé très haut et s’est complu dans sa gloire conquérante, avouait : «Le plus dangereux conseiller, c’est l’amour-propre.»  À l’extrême, l’amour-propre peut faire basculer dans la vanité ou la mégalomanie.

    L’amour ou l’estime de soi est une vertu; l’amour-propre, qui en est le débordement, est un vice assez pernicieux.  Il révèle qu’on porte une trop grande attention à son petit moi et qu’on craint constamment qu’il soit blessé, atteint dans sa dignité, qu’on lui manque de respect, qu’on le critique, qu’on le déprécie.  Cette émotion se définit par l’opinion avantageuse qu’on se forme de soi-même et que l’on souhaite imposer aux autres par le respect… ou par des moyens moins nobles.  Or, on ne peut être respecté si on ne se respecte pas soi-même.  L’amour-propre conduit facilement à la susceptibilité qui porte à se vexer ou à se formaliser à la moindre remarque ou à la moindre contradiction.  Pascal disait: «La nature de l’amour-propre et de ce moi humain est de n’aimer que soi et de ne considérer que soi.»  Oui, car il dispose à la recherche exclusive de son bien personnel et de son avantage particulier en toute situation.  Il étouffe et tue l’amour, formant mieux l’esprit à ses droits qu’à ses devoirs, plaçant le bien individuel au-dessus du bien collectif.  En effet, la blessure d’amour-propre dure trop longtemps pour permettre à l’amour tout court de renaître.  En général, le vaniteux et le prétentieux se montrent plutôt arrogants et ils méprisent d’autant les autres qu’ils s’estiment eux-mêmes.  À la vérité, celui qui exhibe son amour-propre manque d’équilibre, il a perdu sa confiance en lui.  Au lieu d’examiner ses travers, il n’insiste que sur son droit d’être en colère et d’en tirer satisfaction.  Alors, un petit conseil, tournez ce petit ou grand défaut à votre avantage.  Si vous voulez obtenir quelque chose d’un vaniteux, flattez son amour-propre en évitant soigneusement qu’il s’en serve pour tenter de vous asservir ou de vous inférioriser.  Car, ce qui étonne toujours, chez celui qui est affligé de ce mal, c’est qu’il tient toujours moins compte de son propre jugement sur lui-même que de celui des autres.

    Mieux que toute autre atteinte, la «blessure d’amour-propre» révèle le degré de vanité et d’’orgueil d’un être.  C’est la même chose pour le trac, il révèle un ego disproportionné qui, incapable de mettre les choses en perspective, redoute toujours de ne pas être la hauteur, de décevoir autrui et de perdre la face.  On aura beau dire qu’un artiste sans trac ne peut donner une bonne performance, il s’agit là d’un prétexte pour s’éviter de chercher ailleurs l’explication de son mal.  L’excès d’amour-propre révèle qu’un être cherchait à dominer, mais qu’il a trouvé son maître.  Dès lors, ne pense-t-il qu’à se venger, à trouver un moyen de rabaisser l’autre, le présumé coupable de son humiliation.  Regardez-le agir avec ses projections retentissantes qui, bien qu’elles aient surgi dans une défaite d’un lointain passé, n’ont pas été encore encaissées et continuent à l’agiter dans l’inconscient.  Il se rend malheureux en ressassant ses souvenirs douloureux, ne cherchant qu’à entrer en campagne pour démolir l’autre qu’il perçoit comme un ennemi ou un rival.  Il ne comprend rien au fait que son pire ennemi, c’est lui-même.  Refusant de laisser passer quoi que ce soit, il conduit à s’isoler pour inventer des représailles.  En présence de celui qui l’a blessé, celui qui a été piqué dans son amour-propre, boude et cherche à le faire souffrir par des silences éloquents, pleins de reproches ou il prend des attitudes outragées, désobligeantes.  De temps en temps, il jette à l’infâme qui l’a blessé un regard lourd, amer, assassin, lui lançant, s’il le peut, des propos injurieux.  En tout temps, il cherche le défaut de sa cuirasse : il cherche une occasion propice, publique de préférence, pour le démolir, lui rendre ce qu’il croit la monnaie de sa pièce, et plus, s’il est possible.  Pour ce vaniteux, l’autre est une personne à abattre, peu importe que ses réactions échappent à la commune mesure, à l’importance de la blessure subie.  En l’absence de son ennemi, il lui faut tenir sur lui des propos calomnieux, mais furtifs et voilés, pour faire déprécier l’autre par l’ensemble de ses fréquentations ou connaissances.  Il lui est toujours intolérable de voir un autre refuser de servir, de s’incliner ou s’affirmer mieux que lui-même.

    Dans leur expression excessive, donc pathologique, l’égocentrisme ou l’égoïsme deviennent du «narcissisme».  Il s’agit de l’admiration de soi ou de l’attention exclusive portée à soi, au point d’ignorer les autres ou de ne leur accorder aucun intérêt, sauf dans la part d’admiration qu’ils retournent.  Il s’agit d’une fixation affective à soi-même.  Sommairement, le narcissisme peut couvrir toutes les manifestations égocentriques exagérées: délire de celui qui se trouve superbement beau;  attention exagérée à sa belle apparence;  amour excessif de sa propre personne;  contemplation continuelle de soi;  attention exclusive que l’on se porte;  désir de se regarder et de se faire voir par tous les moyens, notamment par des photos.  Elle exprime la prétention, l’orgueil, la vaniégotique-vainqueurté, la fatuité.  Le narcissisme est une infatuation de soi qui se fonde sur un désir morbide d’être admiré pour soi plus que pour ce que l’on est ou possède parce que, par soi-même, on ne se trouve pas d’autre valeur.   On aime être considéré conformément à l’idée que l’on se fait de soi.  On ne réussit donc à s’apprécier que dans la mesure où cette idée que l’on projette passe, est bien reçue, ce qui se traduit par de la considération ou de l’admiration.  Pas étonnant qu’on vive sans cesse dans la crainte de l’humiliation et qu’on soit à ce point susceptible.  En règle générale, on peut mesurer le narcissisme d’une personne au temps qu’elle passe devant son miroir, à l’attention qu’elle porte à sa tenue vestimentaire, au temps qu’elle consacre à parler d’elle ou à signaler sa présence.

    Blaise Pascal, ce janséniste, a dit que le «je» est haïssable.  C’est vrai que, dans une conversation ou un récit, personne n’aime trop écouter un autre parler longuement de lui-même.  C’est un réflexe égoïste qui amène, chez celui qui ne sait pas interrompre un autre pour prendre sa place, à croire que le temps que l’autre consacre à son être, c’est du temps qu’il lui soustrait dans la promotion de ses propres intérêts ou sa volonté inconsciente de lui-même se faire valoir.  Il est vrai qu’il faut mettre son ego à sa place, mais cela n’invite pas à le tuer, puisque, tant qu’il  agit dans la troisième dimension, le plan de la matérialité, il est le moteur de la motivation personnelle.  Nul ne doit trop s’inquiéter de son ego, tant qu’il ne produit pas de ravages, puisque, malgré sa propension à appliquer deux poids et deux mesures, il est appelé à mourir de lui-même, au moment opportun, soit au moment où il ne sera plus d’aucune utilité dans les préoccupations de la survie.  Celui qui traite un autre d’égoïste dénote son propre égoïsme, à savoir qu’il laisse entendre que l’autre le restreint dans son droit d’occuper la place qu’il croit lui revenir.  En somme, comme il n’y a ni bien ni mal, c’est la modération en tout qui maintient dans le juste milieu.

    Loin de ces fluctuations émotionnelles, l’être amoureux, au sens supérieur du terme, est naturellement simple et humble et il s’estime suffisamment pour ne pas tenter de se mesurer à autrui, de se comparer, de rivaliser avec les autres, sachant ne pas avoir à devenir comme un autre, mais à s’accomplir dans son Essence et dans sa Nature, à redécouvrir sa propre Identité innée.

    © 2012-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.


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  • L’INTERPRÉTATION N’EST PAS LA COMPRÉHENSION DU MESSAGE REÇU…

     

    Celui qui interprète passe un message au filtre de son degré de conscience, il ne le comprend pas dans sa vérité profonde.  Ainsi, il peut le travestir plus ou moins complètement, le colorant de ses projections personnelles, ce qui peut engendrer un écartement ou une division.

    L’interprétation consiste à expliquer ou à donner une signification claire à une chose obscure.  Ce peut-être la tentative de chercher à rendre compréhensible, à traduire ou à donner un sens à une réalité ou l’action de chercher à rendre compréhensible, à traduire, à donner un sens à un texte ou à un propos.  Il existe de nombreuses interprétations de la réalité entre lesquelles on peut choisir.  Mais il importe alors de reconnaître que si on interprète, on cherche à savoir, mais on ne sait pas.  De ce fait, on s’expoInterprétationse à émettre des hypothèses et à les prendre pour la vérité.  Croire n’est pas savoir puisque les croyances n’impliquent pas de certitude.  Hélas! quand un être ne sait pas, son mental, impatient de connaître, s’active furieusement, se mettant à inventer, oubliant qu’inventer, ce n’est pas émettre la vérité, mais des  hypothèses.

    Pour tout dire, il y a interprétation à chaque fois qu’un sens n’est pas clair. En effet, la nécessité de l’interprétation tient à ce qu’il n’y a pas de saisie ou de réception immédiate du sens du fait qu’il ne va pas de soiIl est rare que la signification d’un propos ou d’une conduite soit immédiatement perceptible.  Par ailleurs le langage permet de dire autre chose et même, parfois, le contraire de ce qu’il dit en apparence.  Mais ce n’est pas une raison pour en venir à trahir celui qui a dit quelque chose, qui a écrit un texte ou qui a posé un acte.

    Celui qui interprète une réalité cherche à restituer fidèlement le sens de l’objet de son interprétation, sauf qu’il lui échappe toujours plus ou moins. De là le risque permanent de commettre une erreur d’interprétation, une mauvaise interprétation ou une interprétation abusive.  Dans un contexte précis, qu’est-ce qui justifie telle interprétation plutôt que telle autre?  Fondamentalement, qu’est-ce qu’un contresens ou un préjugé? Quels sont les critères de la bonne interprétation?  Quant au but d’une  interprétation, vise-t-il véritablement à accéder à l’évidence, à passer de l’implicite à l’explicite?  Quelqu’un peut-il comprendre l’autre mieux et davantage que celui-ci peut se comprendre?  Voilà autant de questions  qui confirment la difficulté d’accéder au sens réel d’un propos, d’un texte ou d’un geste à laquelle se heurte toute interprétation.  Car, celui qui interprète risque de réduire un sens et de le fixer ou de l’arrêter bien qu’il ne corresponde nullement à la pensée ou à l’intention de son auteur.

    De toute évidence, il existe de nombreuses interprétations de la réalité entre lesquelles chacun peut choisir.  Mais, alors, il importe de reconnaître que si on interprète, c’est qu’on cherche à savoir, mais qu’on ne sait pincompréhension-téléchargementas.  De ce fait, on s’expose à émettre des hypothèses plus ou moins justes qu’on peut prendre pour la vérité.  Croire n’est pas savoir puisque les croyances n’impliquent pas de certitude.

    Un être sérieux doit viser à connaître et à comprendre plutôt qu’à interpréter.  Interpréter, cela revient à donner aux choses et aux événements le sens que l’on veut ou que l’on croit comprendre plutôt que leur sens réel, soit le sens qu’elles ont vraiment.  Il y a toute la différence du monde entre comprendre et interpréter: on interprète en recourant à son imagination et à sa subjectivité, toujours arbitraires, alors qu’on comprend en approfondissant l’expérience vraie de façon objective et impartiale.  On ne comprend bien que ce qu’on expérimente soi-même.   Pour comprendre, donnons un exemple: on peut rencontrer une personne souffrante et se méprendre sur son état de santé si elle sait se contenir.  Et même si elle verbalisait sa souffrance, on pourrait se méprendre sur le degré de sa souffrance du fait qu’on ne connaît pas son seuil de tolérance à la douleur, son degré de vitalité personnel, sa résistance physique, son émotivité.  Si on comprend bien, la souffrance s’exprime à travers l’autre, non à travers soi, ce qui la rend difficile à évaluer.

    Le problème de l’’interprétation, c’est qu’elle peut mener à bien des égarements.  Dans certains cas, elle a arbitrairement brisé des réputations, amené à de fausses accusations et rompu des relations.  Car elle favorise la distorsion des idées et des faits, contribuant à lancer des rumeurs ou à cultiver des préjugés.  Si on cesse de se duper, on acceptera que chacun entend ce qu’il veut bien entendre, fait dire ce qu’il veut bien entendre dire et voit ce qu’il veut bien voir.  À l’extrême, ces procédés permettent d’échapper à ses responsabilités et de retarder sa prise de conscience.

    En réalité, l’être humain sait bien peu de choses, sur lui comme sur la vie, et il en sait encore moins sur les autres: il croit plutôt savoir, d’où il interprète.  Il ne se sert que d’environ dix pour cent de ses potentialités et il n’est vraiment conscient que d’environ cinq pour cent de ce qui se passe en lui et à l’extérieur de lui.  Cela est déjà significatif dans des expressions comme «Mon Dieu!» (comme si Dieu était sa propriété ou s’il y avait un Dieu pour chacun); «Bon Dieu» (comme s’il pouvait y en avoir un méchant) ; «Doux Jésus» (comme si le Fils de Dieu n’était pas la douceur incarnée).

    L’être humain joue toujours sur les mots au lieu de chercher à comprendre la réalité qu’ils veulent circonscrire.  Il emploie souvent des mots équivoques (à plusieurs semisunderstandingns), des mots mal définis (dont il n’a jamais cherché la signification profonde, claire, nette, précise).  Prenons un exemple.  On nous demande: «Comment va la santé?»  On s’empresse de répondre «Très bien!» Par là, on oublie une carie occasionnellement douloureuse, des maux de tête occasionnels, des phases de mauvaise digestion, des courbatures au moindre effort, une prédisposition à l’insomnie, etc.  Si c’est cela la santé, pas étonnant qu’on ne puisse dépasser ces malaises et se rétablir dans la santé radieuse.  Car on a beau proclamer une réalité dans des mots positifs, c’est ce qui vibre le plus puissamment dans le conscient et l’inconscient d’un sujet qui lui revient comme démonstration.  Par exemple, c’est ce qui fait que si on ne croit pas à la réalisation d’un fait dans sa vie, il ne peut pas s’y accomplir, quoi qu’on affirme et quoi qu’on fasse.

    Bien qu’on ne connaisse que par la surface, l’extérieur des choses, on dit savoir.  Pourtant, savoir, c’est avoir expérimenté et senti, s’être fait un avec une chose, l’avoir étudiée sous tous ses angles, en dedans comme en dehors.  Autrement dit, c’est être né avec elle.  Le reste n’est qu’approximation.  En cela, l’interprétation mène à l’à-peu-près, jamais plus loin, si, en l’occurrence, on n’est pas favorisé par un jet de dé avantageux.

    L’interprétation n’est justifiable que si elle tente de  rendre clair ce qui ne l’est pas en s’efforçant de rendre fidèlement un texte, un propos, une intention, un contexte et d’en transmettre la teneur sans modification.  Ce qui n’est pas facile, car, dès que le mental ne sait pas, il commence à broder, donc à inventer.  Ce faisant, il devient souvent un ennemi pour soi et un traître pour autrui.

    ***

    L’interprétation acquise rappelle que, par l’accoutumance ou l’habitude, l’être humain prend, pour ainsi dire, inconsciemment conscience d’un phénomène, d’une manière inexplicable, ce qui s’appelle l’interprétation acquise.  Par exemple, les images arrivent inversées dans l’œil, mais elles sont remises spontanément à l’endroit dans le cerveau.  Chaque être humain a acquis des interprétations, qui n’influencent ou n’affectent pas ses sens, mais qui modifient cependant réellement ses perceptions et ses prises de conscience.  La prise de conscience, parce qu’elle est personnelle, ne peut être affectée que par l’interprétation.  L’interprétation tendancieuse évoque le mode d’expression qui révèle un parti pris, une idéologie intime préalable, une tendance intellectuelle toute faite dans le propos.

     

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  • L’EXPÉRIENCE PERSONNELLE S’EXPRIME DIFFICILEMENT ET PEU DE GENS, HORS SOI-MÊME, PEUT VRAIMENT LA COMPRENDRE… 

     

       Lors d’un cours, cette réflexion de notre part en a étonné plus d‘un qui ont demandé un complément d’explication : «Dans l’ordre de la dualité, l’être humain naît seul et meurt seul, mais, plus largement qu’il ne croit, il vit aussi seul, en raison de l’incommunicabilité des êtres, hors le lien d’âme à âme, que si peu savent suivre…»

       Une petite anecdote fictive, empruntée à la Toile mondiale, peut vaguement illustrer notre propos…  Voilà qu’une femme roule en voiture sur une petite route.  Un homme roule sur la même route, mais en sens contraire.  Lorsqu’ils se croisent, la femme baisse sa vitre et lui crie : «Bourricot!»  L´homme, insulté, lui répond du tac au tac d’un ton tonitruant: «Salope!»  Chacun continue sa route, l´homme incommunicabilitéétant spécialement satisfait de la rapidité de sa réplique.  Mais à la première courbe, comme il n’a pas ralenti, tel qu’espérait lui faire comprendre la dame, il happe un âne égaré qui marchait sur la chaussée, causant des dégâts importants à sa voiture, ayant failli lui-même y perdre la vie.  Moralité de l’histoire : la plupart du temps, les hommes, comme les femmes, ne comprennent jamais ce que le membre de l’autre sexe leur dit.

       Pour ouvrir l’explication, on peut dire que, en ce bas monde, il en va de même de tous les gens que l’on fréquente ou rencontre.  Leur attention très centrée sur leur nombril, ils ne s’écoutent pas les uns les autres et, trop appliqués à défendre leurs intérêts et à faire prospérer leur univers, ils n’ont pas de temps à consacrer à une meilleure culture de leurs relations, plutôt portés à s’écoutent eux-mêmes, à défendre leur point de vue et à s’interpréter entre eux.  Comme l’a dit un Sage asiatique, pour comprendre parfaitement un autre, il faudrait porter 13 ans ses souliers.  On comprend que, dans cet adage, le nombre 13 évoque symboliquement un cycle complet d’expérimentation, comme le Christ avec ses douze disciples donne la figure de l’Homme total qui s’est recomposé et a accédé à sa Maîtrise parfaite.

       Au plan contingent, comment les êtres pourraient-ils se comprendre parfaitement puisque, à part le lien qui les garde identiques au niveau de leur Essence spirituelle, ils sont différents dans tous les autres aspects de leur longue expérience de découverte d’eux-mêmes.  En tant qu’êtres incarnés sur la Terre, même s’ils sont égaux en potentialités, ils diffèrent dans leur expérimentation globale puisqu’ils présentent différentes provenances stellaires, différents rôles fonctionnels, différents nombres d’incarnations en ce monde, différents bagages génétiques et différents degrés de conscience.  Alors, même lorsque deux personnes croient et disent se comprendre, elles ne se comprennent pas vraiment.  Et c’est ainsi que, croyant penser, ressentir et comprendre de la même manière, par l’erreur des astronautes, ils sont souvent à des lieues de se comprendre ce qui se passe autour d’eux.

       En passant, l’erreur des astronautes identifie le fait que, si un astronaute veut se rendre à un point du Cosmos, il doit calculer avec une précision rigoureuse la trajectoire qui lui permet de s’y rendre.  Car, s’il se trompe très peu dans ses calculs, son erreur pourra être peu apparente à son départ de la Terre, mais, avec la distance, elle ne cessera de l’écarter du point qu’il compte atteindre.  De la même manière, une interprétation fausse du message ou de la personnalité d’autrui peut compter pour peu dans le moment, mais, avec les années, elle peut mener aux plus grandes surprises.  C’est notamment le cas lors du divorce de deux partenaires qui se préparait depuis longtemps, parce qu’ils croyaient se connaître, mais dont l’un ou l’autre n’a rien vu venir.  On dit si faussement connaître l’autre comme si on l’avait tricoté.

       Alors, s’il est vrai qu’on naît seul, ce qui est un fait d’évidence, car nul autre ne peut emprunter en même temps que soi le canal qui débouche sur la réalité concrète, il en est de même lors de la mort, car nul ne peut emprunter le même canal que soi pour retourner à la Source.  Chacun détient sa propre voie pour aller et venir de la Source suprême au monde de la matière.  Mais, les êtres sont également assez différents dans leur quête vitale pour différer des autres à un point qu’on peut difficilement imaginer et évaluer.  Ainsi, même lorsqu’un être croit être très bien compris, il ne l’est pas vraiment dans toute l’ampleur du sens personnel qu’il donne à ses expériences.  Quant à l’expérience de l’autre, elle n’est pas la sienne, d’où il n’en sait pas vraiment grand-chose, il s’y intéresse peu et il ne peut pas vraiment la comprendre ni l’évaluer.  C’est sans doute ce qui fait dire, dans la sagesse populaire, que les «conseilleurs ne sont pas les payeurs».

       Par exemple, la visite d’une église ne prend pas le même sens pour une personne âgée que pour un enfant puisqu’ils rattachent tous deux à cette même expérience, aux choses et aux objets et aux mots qui les désignent des perceptions qui varient grandement.  Autrement dit, ce lieu n’évoque pas les mêmes images, les mêmes émotions, les mêmes idées, ceux-ci étant colorés par leurs souvenirs propres.  Cet écart de perception crée une faille, un espace vide, qui suscite mutuellement des incompréhensions.

       Au fil des jours, chacun se construit au gré des expériences différentes que la vie met sur sa route, des expériences qui ont une intensité différente d’une personne à l’autre et qui ne se présentent pas dans le même ordre.  Ainsi, petit à petit, en élaborant son identité propre de sa manière originale, les êtres se séparent et s’éloignent jusqu’à un certain degré.  Chaque individu comprend les choses à sa manière, à travers ses propres filtres, ses propres angles de vision, reliés à ses priorités, à ses valeurs, à ses choix de vie.  N’est-ce pas la confrontation de ces points de vue, perçus comme différents, qui amènent parfois deux êtres à se disputer sur des points sur lesquels ils sont fondamentalement, à leur insu, en accord?

       Incommunicabilité, quel mot terrible qui glace, mais comme il est chargé de sens!  On pense toujours connaître les intimes comme si on les avait tricotés ou conçus, alors qu’on se connaît si mal soi-même.  Que de malentendus, que de problèmes, que de rendez-vous manqués, que de souffrances, que de déchirements, que d’occasions ratées… en ont résulté.  Il a amené des familles à se déchirer, des couples à se séparer, des amitiés à se perdre du fait que les humains ne savent pas échanger leurs états profonds ou ne parviennent pas à communiquer, à expliquer, à parler, à analyser ou à capter intuitivement une réalité comprendre.  Ils ne savent plus consacrer à autrui du temps, au moins le temps qu’il faut à leurs proches, à leurs amis, à leurs familles, à leurs diverses relations.  Puis il y a les mots qui, de par leur nature, sont bien limités dans leur aptitude à exprimer des réalités que le non-verbal ne parvient pas toujours à rattraper.

       Ainsi, tout au long de la vie, il reste entre deux être une marge irréductible, un espace que l’autre, aussi grande soit son attention et sa bonne volonté, ne pourra jamais franchir ni combler.  Nul ne peut savoir précisément et complètement qui est l’autre parce qu’il ne peut pas tout savoir de sa manière de penser, de capter, de ressentir, d’agir ou de réagir, de parler de faire ses choix.  C’est  ce qui représente le jardin secret que chacun cultive avec contentement à l’abri des autres, qui engendre du reste le désir d’intimité, une part qui restera toujours inconnue même des plus proches.  Et c’est heureux puisque c’est cet écart dans les états d’être et la somme des réalisations, qui n’empêche pas de trouver un terrain d’entente commun, qui permet le partage et les échanges du fait qu’elle constitue la différence  permettant de s’enrichir mutuellement.

       Mais il n’en subsiste pas moins des dangers dans cette incommunicabilité profonde, surtout pour un être égocentrique.  Peu à peu, trop centré sur lui-même, l’être humain laisse cette incommunicabilité s’approfondir, sans y attacher d’importance, pour nombre de raisons.  Souvent, il laisse d’abord faire par simple paresse, puis, par la suite, par incurie et entraînement, soit par habitude de ne pas penser à mieux se rapprocher d’autrui et de s’informer sur lui.  Il préfère subir les conséquences des événements lorsqu’ils se produisent.

       Ainsi, les années passent, et, avec elle, les fossés se creusent. Et il n’en reste pas moins là sans réagir… jusqu’à ce qu’il soit trop tard.  Sauf que, lorsqu’il est trop tard, il ne peut plus rien sauver.  La vie, ou même la mort, l’empêchent de réagir, de corriger, de se ressaisir… et un beau jour, il se retrouve tout seul, puisqu’il a tout laissé filer!  Il est trop tard pour se reprendre, du moins avec ceux qui sont passés de l’autre côté de la trame, car c’est alors qu’il commence à réaliser tout ce qu’il n’a pas osé leur dire, ce qu’il n’a pas su leur exprimer, ce qu’on n’a pas pris le temps de leur communiquer.

       Mais le plus grave, c’est qu’on tente toujours d’appréhender la réalité d’autrui à partir des apparences, alors qu’il n’y a que la voie du cœur, qui mène à l’âme, qui puisse mener à cette réalité, faite d‘une pure unicité.  En effet, les apparences, ne sont-ce pas ce qui se présente immédiatement à la vue ou à la pensée à partir de l’extérieur.  Les apparence extérieures font-elle la valeur d’un être et cernent-elles sa réalité véritable?  Alors, dans les apparences, n’aborde-t-on pas plutôt le contenant que le contenu?  Car celles-ci ne peuvent révéler que les aspects sensibles des choses et des êtres, jamais leur réalité en elle-même.

       En raison de son destin propre, chacun gagne à apprivoiser ce sentiment de solitude qui l’accompagne même lorsqu’il se trouve au milieu d’une grande foule, où il se sent forcément toujours, à la fois semblable et différent.  Et c’est dans cette part de différence qu’il devient incommunicable par les voies extérieures.  Face aux grandes questions de la vie, chacun découvre que la seule réponse valable et valide réside au plus profond de lui-même.  Le monde extérieur peut lui présenter nombre de réponses, mais il devra toujours conclure qu’elles ne correspondent jamais parfaitement à son ressenti personnel le plus profond, que lui seul connaît.  Voilà pourquoi personne ne peut répondre ou agir à la place d’un autre.

       Dans les grandes situations, chacun se mesure à lui-même et il est replongé dans sa solitude innée.  Libre à lui de tenter de fuir cet état au lieu de le cultiver.  Sauf que la solitude peut lui permettre de nourrir une réponse intime, la seule qui puisse lui permettre d’éveiller un feu intérieur ou d’entrer en contact avec une lumière divine susceptible d’éclairer son chemin et de l’accompagner tout au long de sa route.  Autrement dit, dans le monde terrestre, c’est dans la solitude et la compréhension de sa solitude qu’un être comprend que, après avoir longuement convoité les réalités du monde extérieur, il peut lentement découvrir tout un univers de solutions et de réponses dans son espace intérieur, soit un univers qui lui ressemble bien davantage.

       Car ce n’est qu’après avoir exploré ad nauseam l’univers de la matière et du mental, avec leurs limites, qu’il cherche ailleurs une porte de sortie valable et qu’il commence à développer l’intelligence du cœur, la voie de la connaissance qui ramène à l’Unité, parce qu’elle mène à la réalisation dans l’Esprit suprême.  Alors, après avoir fortement développé sa nature égotique, il pense à renouer avec sa Conscience divine, qui, seule, peut le comprendre parfaitement et l’apprécier malgré ses grandeurs et ses faiblesses apparentes.  C’est ainsi qu’il découvre peu à peu, ultimement, que, à travers chacun, Dieu fait une expérience unique, mais exceptionnelle, de lui-même.

     

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  • APPRENDRE À SE CHOISIR ET À S’ACCORDER LA PREMIÈRE PLACE, EXERCER SA SOUVERAINETÉ, C’EST COMMENCER À S’AIMER…

     

     

    Tant que le regard d’autrui porté sur soi-même compte plus que son propre regard, c’est étonnant de constater le nombre d’aberrations déformantes auxquelles on peut se soumettre et combien de temps on joue au jeu des concessions qui rapetissent et ratatinent son être.  Il est aussi incroyable de constater le nombre de réalités que l’on prend pour un dû, de la part d’autrui, alors que, quoiqu’un autre ait pu faire à son endroit, nul ne doit quoi que ce soit à qui que ce soit.

    On peut s’en rendre compte notamment au moment des grandes célébrations de l’année comme Pâques, Noël, le Jour de l’an, l’Action de grâces ou, mieux, lors de moments contemplation-hommepersonnellement importants comme son anniversaire de naissance, la fête de son saint patron (pour ceux qui ont fait le choix de se fêter deux fois dans l’année), la commémoration de ses fiançailles ou de son mariage.  Qui n’aime pas se rappeler les moments les plus heureux qu’il a vécus et s’associer alors des gens avec lesquels il partage des affinités, il se trouve des atomes crochus ?

    Mais voilà que, si cela se démontre impossible, c’est la catastrophe : se retrouvant seul, se croyant moins aimé, on sombre dans l’amertume, on se désole, on boude, on fait du chichi, on se tourmente intérieurement.  On se sent rejeté, on se perçoit comme diminué, on croit détenir auprès d’autrui moins d’importance qu’on ne croyait en détenir.  Alors, on se rapetisse, on se roule en pelote, on ratatine comme peau de chagrin.

    Mais, puisque chacun suit la ligne de son destin, pourquoi attendre des autres ce qui fait son bonheur ?  Pourquoi ne pas se l’accorder soi-même et adjoindre à son vécu ceux que l’on peut?   Et si personne ne veut s’y associer à ses choix, pourquoi ne pas les vivre seul?  Car si on apprend à se choisir, à s’aimer, à bien s’évaluer, à s’accorder la première place, il finira bien par se passer quelque chose?  Un être n’attire-t-il pas selon ce qu’il devient et sait avoir droit?

    Laissez-moi vous dire que je connais quelqu’un, que je n’ai probablement pas à nommer, qui a longtemps vécu dans ce mode d’attente.  Lors des grands moments fériés de l’année, parce qu’il était célibataire, qu’il ne cultivait aucun lien avec sa famille d’origine et qu’il en avait les moyens, année après année, cet homme organisait des réjouissances dans le plus grand oubli de lui-même.  Même qu’il trouvait son bonheur dans le plaisir et la joie qu’il parvenait à accorder aux autres, recueillant alors dans son entourage les esseulés, les mal compris, les rejetés, les laissés pour compte.  Il croyait égoïste de prendre du bonheur pour lui-même.

    Mais, au fil des ans, comme on dit, ces gens se sont casés, ayant  trouvé ailleurs d’autres centres d’intérêt, et ils le désertèrent les uns après les autres.  Le destin avait naturellement écartés les uns ;  d’autres s’étaient simplement mariés ou vivaient en couple ;  d’autres avaient déménagé au loin ;  d’autres ne possédaient pas de moyen de locomotion pour se rendre chez-lui ;  d’autres travaillaient à ces moments précis, incapables d’obtenir un congé ;  d’autres s’étaient réconciliés avec les autres membres de leur famille et les rejoignaient lors des diverses célébrations familiales ;  d’autres étaient passés dans l’Autre Monde ;  et, à part les trahisons, quoi encore !  Quand on avance en âge, il devient de plus en plus difficile de nouer de nouvelles relations d’amitié.  Alors, en ces moments solennels ou exceptionnels, toutes ses connaissances se retrouvaient ailleurs.

    C‘est ainsi que, un soir de Noël, alors que, comme d’habitude, il avait dressé la table pour un bon nombre d’invités, il se retrouva complètement seul devant son festin, au milieu des décorations, sans avoir reçu le moindre avis de désistement de ses invités habituels dont il ne reçut, du reste, de nouvelles que plusieurs jours plus tard.  À cause d’un déménagement, il en fut de même au Jour de l’an, puis à Pâques, puis le jour de son anniversaire.  Et, n’ayant pas compris le message, le tout se reproduisit l’année suivante : il se retrouva seul comme un paria.

    Au plus profond de sa tristesse, il se rappela soudain une lecture, le passage d’un livre de motivation.  Il y était dit que, lors des moments qui comptent pour soi, au lieu d’attendre d’être célébré, on gagnait à se célébrer soi-même, ce qui évitait de se retrouver seul, tout en assurant de se célébrer à sa manière.  Et qu’au lieu d’attendre des cadeaux, pour éviter toute frustration, on gagnait à s’en offrir soi-même.  Ainsi, en l’occurrence, devenait, comme surplus, motif d’un plus grand bonheur, toute personne qui choisissait de participer physiquement à sa manière de célébrer ou tout cadeau que les membres informés de son entourage décidaient de lui offrir.

    Dût-il se retrouver seul au lieu qu’il avait choisi de faire la fête, c’est la manière, dont notre homme décida de faire son propre bonheur.  Depuis ce jour, si l’envie lui prend de sortir de chez lui, aux jours qu’il considère comme des moments significatifs de l’année, il ne les passe plus jamais, pétrifié comme une potiche, tout seul dans son coin.  Même que, le plus souvent qu’il le peut, il choisit une manière originale de célébrer la vie.  Chaque jour n’est-il pas un jour neuf à célébrer dignement?

    Pour faire les bons choix de vie, un être doit entrer en contact avec son âme, par la voie du cœur, ce qu’il ne parvient à faire qu’en passant par la solitude, cet état qui fait si peur à la multitude.  Mais ce n’est que dans le plus grand silence qu’il peut sonder son cœur, écouter la vérité qui vibre au plus profond de lui-même et découvrir les solutions pertinentes à son destin unique.

    Alors, pour en revenir à l’histoire amorcée, lorsque s’annonce un moment particulier qui mérite célébration, c’est notre monsieur qui prend l’initiative d’organiser un repas ou une sortie, laissant tous les membres de ses relations libres de s’associer à lui, selon leurs préférences et leurs disponibilités.  Et si personne n’accepte le rendez-vous, il s’y rend tout seul.  Cette manière de procéder lui permet de filtrer les candidatures et de s’assurer de se retrouver en bonne compagnie.

    Il faut savoir que les grands rassemblements humains prolongent l’anonymat, écourtant les contacts ou les rendant superficiels.  Dans un groupe nombreux, il y a toujours quelqu’un pour se sentir négligé, se croyant privé de la part d’attention qu’il mérite.  Pour cette raison, il n’y a rien comme de se retrouver en petit groupe pour se parler et apprendre à mieux se connaître.  Et c’est ainsi que, d’une année à l’autre, parmi les gens qui l’ont déjà accompagné dans ses réceptions à domicile ou ses virées, où ils ont trouvé plus de joie de 1 (1)se retrouver en sa présence qu’à se retrouver ailleurs, certains le rappellent, en nombre et bien à l’avance, pour retenir une place.

    Puisque, un jour, chacun a fait le choix conscient de s’incarner, afin d’ouvrir davantage sa conscience à sa réalité propre, par les leçons de la vie courante, c’est à chacun de se découvrir, de se retrouver, de s’aimer, d’organiser sa vie à sa manière et d’oser aller de l’avant, mais d’abord pour lui-même.  Car c’est le seul moyen d’arriver à plus d’être, à vibrer davantage.  Et, lorsqu’on devient plus vibrant, on attire davantage de ses semblables, ce qui permet de passer des moments bien réjouissants.  Il semblerait que le bonheur devient contagieux!

    Exercer sa liberté et sa souveraineté, afin d’évoluer à sa manière et selon son plan, comporte la nécessité de l’amour de soi, du détachement émotif, du choix prioritaire de soi qui amène à s’accorder la première place, du refus de rendre des comptes sur ses choix personnels et de l’affirmation de ses droits et devoirs envers et contre tout dans l’ordre du bien commun et de l’Unité cosmique.  En raison de son destin unique, chacun gagne à vive pour lui-même à sa manière, conformément à sa compréhension et à ses moyens, en faisant toujours ce qu’il aime, autant que possible,  mais en s’abandonnant à la vie pour le reste.

     

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